Originally published by Jacques Attali on LinkedIn: La prochaine crise financière
Etre optimiste, ce n'est pas penser qu'il n'y a pas de problèmes , mais que les problèmes ont une solution.
Ainsi de la plupart des enjeux que le monde affronte en ce moment. Tous, ou presque, sont immenses. Tous ont encore des solutions. Même les plus terribles, (tels l'asphyxie des océans, le réchauffement climatique, ou le manque d"eau potable) sont encore a notre portée.
A côté de ces enjeux majeurs, mettant en cause l'existence même de l'humanité et dont on commence a s inquiéter, il en est d'autres, plus circonscrits, dont on s'occupe moins encore, comme si le temps allait tout seul leur apporter une solution. Ainsi de l'accueil des migrants en Europe, qui arrivent de plus en plus nombreux, dont personne ne veut s'occuper, comme si le temps suffirait à régler leur situation dans un sens ou dans un autre. Il n'en est rien naturellement . Et il faudra bien, un jour, se décider a accueillir décemment ceux qu'evidemment on ne renverra pas dans l'enfer de leurs pays d'origine.
Parmi ces problèmes, il en est un dont on parle aujourd'hui encore moins que des autres: la prochaine crise économique et financiere mondiale.
De fait, tout se passe comme si on pensait aujourd'hui qu'il n'y aurait plus jamais de crise économique et financiere. Et que le risque était définitivement écarté .
De fait, aucun indice n"annonce son imminente:
La croissance semble partout de retour. Le chômage se réduit, plus ou moins vite selon les pays.
Des législations prudentielles ont tiré les leçons des crises précédentes, et créé les conditions d'une résilience des banques internationales, à qui on a imposé de disposer de davantage de fonds propres, par prudence.
Enfin, le progres technique semble annoncer un eldorado chaque jour plus merveilleux.
Et pourtant, il serait absurde d'imaginer que, dans la mondialisation sauvage actuelle, les crises financières soient a jamais exclues. Plus, même, les signes d'une crise prochaine sont bien la.
1. D'abord, la dette publique et privée est plus élevée que jamais, reportant sur les generations suivantes le financement du maintien de notre niveau de vie: l'endettement public et privé des 44 pays les plus riches atteint 235 % du PIB contre 190 % en 2007. En particulier, les dettes des étudiants américains et des banques chinoises sont hors de contrôle. Sans même compter les creances que les retraités feront valoir le jour venu, et que personne ne comptabilise.