Originally published by Gérald Karsenti on LinkedIn: Quel Président pour incarner nos valeurs?
Il m’arrive très fréquemment d’affirmer que la course au pouvoir est un long chemin semé d’embuches. Je ne suis pas le premier à le dire. Il est néanmoins intéressant de se demander ce qui fait que certains individus ont une aptitude, une détermination devrais-je dire, à ne jamais lâcher prise. Se préparer à une grande échéance - comme celle d’une élection présidentielle - exige du temps, un énorme investissement personnel et des sacrifices inhabituels. Les candidats à la marche suprême - que ce soit en France, aux États-Unis ou n’importe où dans le monde - ont certainement en commun plusieurs caractéristiques :
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D’abord, ils le veulent. Cela peut paraître banal de le dire et pourtant c’est un facteur essentiel. La volonté est ici déterminante. La vie est faite de choix et celui-là n’est pas neutre. Ni pour l’entourage, ni pour soi. Car du jour au lendemain, votre vie vous échappe. Elle devient publique et vous perdez votre liberté. Il devient quasiment impossible de faire le moindre faux pas. Notre société hautement médiatisée ne laisse rien passer. Toute erreur se paie cash. Les réseaux sociaux jouent du reste un rôle essentiel dès qu’il s’agit de transparence. C’est une nouvelle donne qu’il faut intégrer.
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Ensuite, ils le veulent plus que les autres. Il faut se souvenir en permanence que nous sommes dans un monde où la compétition est omniprésente. Il ne s’agit pas de le vouloir, il faut le vouloir plus que les autres. Tout est donc très relatif.
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Par ailleurs, ils prennent des risques pour réaliser leurs ambitions. La notion de risque n’est pas neutre. Dans l’entreprise, nous savons qu’il faut savoir prendre des risques et les gérer. Il ne s’agit pas de « mises en danger » mais de décisions mûrement réfléchies d’opter pour certains choix qui - par construction - peuvent entrainer des conséquences positives ou négatives en cas d’échecs ou de succès. En politique, il en va de même. Celles et ceux qui le savent prennent position - en défendant leurs vues - et ont donc plus de chance de parvenir à convaincre. Bien entendu, il y a là une condition : avoir une éthique irréprochable. S’il s’agit toujours de respecter les lois, en entreprise, on parle de « règles de conduite dans les affaires ». Ce sont des cadres qui définissent ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. On peut en contester la pertinence mais c’est un cadre. En politique, ce cadre n’est pas défini par un conseil d’administration, mais par la conscience collective et la moralité.
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Enfin, ils ne transigent pas sur l’essentiel. Là encore, cela peut apparaître évident et pourtant ce dernier élément n’a jamais été aussi important. Car nous parlons là de notre système de valeur. Notre référentiel. Ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes. Il ne faut jamais oublier que nous sommes tous le produit de notre passé. Nous grandissons en suivant un chemin qui nous est propre, dans notre famille tout d’abord, puis à l’école, en suivant ou pas un enseignement religieux, puis à l’université et enfin lorsque nous entrons dans la vie active. Nos amis, nos parents, nos relations professionnelles, nos amours… font de nous des êtres uniques. Sans en être totalement conscients, nous forgeons notre identité, notre personnalité. Nous restons ouverts, nous sommes toujours prêts à discuter, à échanger, à débattre sur tout un tas de sujets, mais certainement pas à transiger sur l’essentiel, à jeter aux orties l’essence de nos croyances intimes. Car c’est justement cet « essentiel » qui fait toute la différence.