Les médias, alliés objectifs de Marine Le Pen ?

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Les médias de l’ensemble des pays démocratiques doivent assumer une réalité difficile à dire et que, pourtant, inconsciemment ou consciemment, ils vivent tous les jours : Dans toutes les démocraties, les médias, même et surtout les plus respectables et les plus démocratiques d’entre eux, ont, à court terme, intérêt à l’élection des partis populistes, justement parce qu’ils en sont les plus éloignés.

Pour un journal, comme pour tout autre média, rien n’est plus en effet ennuyeux que d’avoir à soutenir un gouvernement, une politique : personne n’aime lire les compliments et les éloges du pouvoir ; encore moins en écrire. Rien, au contraire, n’est plus amusant que de critiquer, de combattre, et de penser, même, qu’on peut, par ses critiques, faire tomber un puissant. Il en va de même pour les autres médias. Aussi, devinent-ils que l’élection d’un populiste leur donnerait un nouveau rôle, fort avantageux, et ils ne verraient, même s’ils ne se l’avouent pas, que des avantages à se retrouver dans cette situation.

Ironiquement, en rêvant, inconsciemment, d’etre ainsi, placés seuls, dans la posture du critique d’un pouvoir populiste, les médias se placent eux-mêmes dans la posture du populiste, qui n’est parvenu au pouvoir qu’en critiquant la totalité des autres pouvoirs.

Ce qui se joue aux Etats-Unis en ce moment doit nous servir d’avertissement. Ce n’est pas l’excès d’attaques par les médias américains qui a fait élire Trump, c’est au contraire leurs faiblesses et leurs maladresses, plus encore que celles d’Hillary Clinton. Aujourd’hui, les médias hostiles au nouveau pouvoir tirent de son élection une grande audience ; et des revenus plus grands encore: jamais même, depuis l’avènement d’internet, et les menaces qu’il fait peser sur les médias, n’a-t-on vu un tel regain d’intérêt pour ce qu’écrivent les journaux et pour les programmes de télévision. Et tous ceux qui ont eu le bonheur d’etre récemment désignés par le Président comme les « ennemis du peuple américain » voient leurs chiffres d’affaire augmenter massivement, au point qu’ils ne savent plus s’ils rêvent de réussir à le renverser, par souci démocratique et pour vérifier leur pouvoir, ou s’ils préfèreraient, au contraire, ne pas y réussir trop vite, pour exploiter le plus longtemps possible cette inattendue mine d’or . A moins qu’ils ne jubilent à l’avance d’imaginer comment le vice-président Pence, pourrait devenir, une fois Trump renvoyé, une fort jolie cible ; lui qui rêve de transformer les Etats-Unis une théocratie fondamentaliste,